Histoires de radio

Russie:
Nom code: Objet 15, Le centre radio Popova de Samara.




Tenue secrète, elle était installée à plusieurs dizaines de mettre sous terre.



Un blockhaus construit avant la guerre.
On croit à tort que la propagande russe par la radio a été lancée suite à la guerre froide.  C'est faux : c'est avant la Seconde Guerre mondiale que l'URSS a commencé à se doter d'émetteurs de propagande de grandes puissances pour couvrir les pays voisins.

Bien avant la seconde guerre.
L'URSS, se rendant compte de la montée du mouvement de Hitler, recherche des moyens pour contrecarrer machine d'information des nazis.
En 1939, la décision a été prise de construire une station de transmission radio de haute puissance à Koursk et les travaux débutent en 1941.
Dès le début de la guerre, le Gouvernement décide de trouver des solutions de replis en cas d'invasion.
La construction du centre de transmission a immédiatement été transférée la station de Koursk.
En juillet 1941, un nouvel emplacement est choisi : Un site de 105 hectares à Kouïbychev au nord-ouest de Novosemeykino.
Les autorités envisagent l'installation d'un émetteur de un mégawatt rayonné en grandes ondes pour atteindre toute l’Allemagne. Avec les rendement des émetteurs de l'époque, cela représentait une consommation d'électricité de l'ordre de 5 à 6 mégawatts.

Un défi technique inimaginable.
Faute de puissants tubes radio, on ne pouvait à l'époque que construire des émetteurs de 20 à 30 kW. Pour augmenter la puissance on mettait en parallèle plusieurs lampes, cinq au maximum, mais les grands émetteurs ne dépassaient toujours pas les 100 kilowatts.
Personne au monde à l'époque n'avait une solution à ce problème. C'est là que l'on a eu l'idée de plusieurs émetteurs de moyenne puissance fonctionnent en parallèle.
Pour la première fois, c'est sur ce principe, appelé "Grand Komintern" (du nom de l'International communiste), qu'a été construit la station : 6 émetteurs ont été couplés pour atteindre une puissance de 200 à 300 kilowatts.
Après cela, le principe «Grand Komintern» a été utilisé pour l'émetteur de Moscou, qui a travaillé avec 500 kilowatts .

Un ensemble hautement sécurisé.
Pour des raisons de sécurité le nouveau site devait être construit sous terre, ne laissant que des structures d'antennes visibles. Les câbles d'alimentation, de même que les câbles coaxiaux en cuivre de grand diamètre, allant aux antennes, passaient sous le sol dans des tunnels d'alimentation.
Le bâtiment technique était un bunker souterrain rectangulaire (60 mètres de long, 50 mètres de large), qui avait deux étages. La semelle inférieure du bâtiment technique était à une profondeur de 22 mètres.
Le haut du bâtiment était à six mètres sous le niveau du sol. Le toit avait de paroi d’un mètre en béton armé.
Le remblai sur la dalle était en sable afin de résister à un coup direct d'une bombe de 500 livres, ce qui était le plus puissant dans la période de la Seconde Guerre mondiale.
Pour le protéger le site, des batteries antiaériennes spéciales ont été construites sur la colline et des gardes armés assuraient une permanence aux pieds des huit pylônes.

Les seules parties visibles

  1. Antenne ondes longues composée de 4 tours autoportantes (hauteur de 205 m.) en carré de 100 m. de côté.

  2. Antenne ondes moyennes de 4 tours haubanées de 150 m., disposée en carré de 75 m. de côté.

  3. Deux groupes de bassins de refroidissement par pulvérisation d'une contenance totale de 4000 M³.

  4. Locaux des services auxiliaires, garages, locaux de sécurité (le territoire clôturé était gardé par l'unité militaire avec des chiens), etc.

Les deux systèmes d'antenne (ondes moyennes et ondes longues) se trouvaient à une distance considérable les uns des autres. Les pavillons de commutation d'alimentation étaient souterrains, les feeders des antennes était dissimulées dans des tunnels en bois de 900 m de long. Par la suite, les nouvelles installations ont été construites sur le sol.

Un village pour le personnel !
Comme de tradition dans l'URSS, un village résidentiel a été prévu, avec immeuble administratif, club, bains, hôpital, école, etc. Un confort à la méthode communiste, mais surtout isolement total du personnel !
Il y avait plus de vingt maisons et environ 1000 habitants, le personnel et leur famille.
Dans les années 70, il y avait environ 250 personnes. Par la suite, en raison de l'amélioration des équipements, le nombre est retombé à cent, puis à soixante. En 2006, le nombre des derniers travailleurs à la station ne dépassait pas trente personnes.

Une construction réalisée en quelques mois.
Le bunker fut construit par un détachement de 300 prisonniers. Très bientôt, près de six mille prisonniers ont travaillé sur la construction, principalement à l'excavation de la fosse de fondation du bâtiment technique et au bétonnage du bunker.
Étant donné que, en 1941, une partie de l'équipement était déjà fabriquée pour la station de radio Koursk dans les usines de Leningrad. Ils ont transporté le matériel le long du lac Ladoga. Sous les bombardements, une partie du matériel a sombré. Le principal, les tubes radio ont été sauvés.
Certaines pièces manquantes ont été fabriquées par l'usine de carburateurs de Kouïbychev, qui n'avait jamais produit ces produits auparavant.
En mai 1942, pour la première fois, la station a été diffusée. La mise au point et le débogage de l'émetteur ont commencé. Le 17 novembre 1942 la station a été inaugurée et mise en service le 18 novembre, 1942.
Le bâtiment disposait de deux entrées de fret, une des deux a été ensuite refermée. Il y avait une tourelle en béton rond pour l'entrée du personnel : à l'intérieur il y avait un puits et un escalier en colimaçon. 

Les déboires des premières années.
Le lendemain de la mise en service un avion de transport quadrimoteur lourds TB-3, perdu dans un épais brouillard s'est écrasé sur l'une des tours d'antennes de 205 mètres, la sectionnant à 70 mètres.
Lorsque la structure est tombée, un des tuyaux a été tellement profond dans le sol qu'il n'était pas possible de l'extraire. Le morceau de métal est demeuré enfoncé dans le sol à côté de la tour, une croix en bois a été installée. À la base de la tour, une plaque commémorative a également été posée.
Les constructeurs ont pris presque un mois et demi pour restaurer l'antenne-tour détruite. En raison d'un tel retard, la moitié de la puissance de l'émetteur principal n'a commencé que le 22 janvier 1943.
La point faible de la station était le manque de résistance des isolateurs, finalement l'URSS a acheté des isolateurs américains qui ont été transportés d'Amérique vers l'URSS par des sous-marins.

Les émissions de Moscou
Tous les programmes qu'elle a diffusés provenaient du centre fédéral de Moscou. Cependant, la dernière guerre a enseigné que les stations devraient avoir leurs propres studios de radiodiffusion indépendants dans le cas où la ligne de communication est interrompue.
À côté du bureau du directeur, on avait installé un studio et une salle technique. La porte qui y menait était fermée et scellée ! Il y avait toujours un conférencier et un interprète allemand qui étaient présents pour prendre la relève en cas de panne de la ligne téléphonique.
La station diffusait des émissions de propagande sur ondes moyennes vers l’Allemagne.
Grâce à la commutation de l'excitation des tours, il est possible de changer la direction du champ de l'antenne. L'émetteur pouvait changer de fréquence et la direction de l'émission endéans les cinq minutes en mode automatique. Cela permettait à la station de se caler sur des fréquences voisines des stations allemandes.

Ventilation et refroidissements des émetteurs
Les émetteurs de cette époque avaient un rendement de 20%, c’est-à-dire qu'ils produisaient 20% d'ondes et 80% de chaleur. La ventilation du bunker était le plus grand souci, la température ne pouvait dépasser le 35°. Pour les tubes d'émission, un circuit d'eau distillée sous pression les refroidissait, l'eau était remontée à la surface dans de grands bassins circulaires de 28m de diamètre et de 2 m de profondeur.
Dans les conditions d'exploitation d'été, l'eau, passant par des sprays spéciaux, se décompose en petites gouttes, créant une grande surface de contact avec de l'air et, par conséquent, un refroidissement intensif. Dans les conditions hivernales, l'eau n'est pas pulvérisée, elle circule librement.
C'était le point faible de l'installation en cas d'attaques aériennes, les installation étaient doublées.
De plus, les piscines étaient recouvertes d'une structure peinte afin de camoufler au maximum.

Les ondes courtes font leur entrée.
Après la guerre, dans l'un des locaux du bâtiment technique, les émetteurs d'ondes courtes Telefunken ont été installés. Ils avaient été démontés dans les centres émetteurs allemands. L'installation a obligé de, une reconstruite la seconde entrée fret pour installer les émetteurs à ondes courtes et un tableau de distribution d'antennes. 
À la fin du mois d'avril 1971, un incendie a éclaté dans le bunker à cause d'un des émetteurs Telefunken. Pendant le fonctionnement de l'équipement, une panne de l'un des condensateurs s'est produite. Les techniciens ont commencé à éteindre le feu avec un extincteur à dioxyde de carbone sans débrancher l'émetteur. En conséquence, le câble d'alimentation a pris feu.
Dans le bunker, il y avait une forte fumée. Heureusement, on a déploré aucune pertes humaines, mais centre a été arrêté. Plus de trente pompiers sont arrivés sur les lieux. La ventilation et le système de pompage ont été bloqués et l'étage inférieur du bâtiment technique a été rempli de 50 cm. D'eau. La diffusion a repris le 9 mai.
Dans les années 50, un autre centre émetteur OC a été installés dans des bâtiments en surface près de Samara.

Une station connue sous différents noms :
Pendant la guerre, la station de radio s'appelait «Objet n ° 15 de la Direction de la construction spéciale NKVD», puis la station de radio de Kouïbychev
En 1991, le village de Kouïbychev est devenu Samara et la radio pris le nom de Centre Radio A.S. Popova.
La station était aussi connue sous le nom des indicatifs de l'émetteur : РВ-390.

La fin d'une époque.
En 2005, la station a été désaffectée après plus de 60 ans d'activité ininterrompue sauf l'incendie de 1971 et les entretiens réguliers : Au début, la station a été arrêtée pendant 1 heure par jour la nuit, puis elle a été arrêtée pendant 4 heures. Les inspections de l'équipement ont eu lieu deux fois par mois.

Espoirs et désespoirs
Les autorités auraient souhaité transformer le centre émetteur en un musée de la radio, mais des fonds colossaux étaient nécessaires. Cela représentait des millions de roubles pour clôturer et sécuriser les lieux. L'exploitation exigeait des dépenses importantes d'électricité pour la ventilation et le chauffage des grandes salles, pour le pompage de l'eau de drainage, etc. De plus, une équipe de 10 à 15 personnes était nécessaire pour les visites et la maintenance.
Alors que l'on s’interrogeait sur le devenir de la station, en 2010, les rapports sur l'état des antennes est alarmant, elles menacent de s'effondrer, elles seront abattues à l'explosif.
En octobre 2017, l'objet est passé de la propriété fédérale à la propriété du district municipal de Krasnoïarsk.
En 2018, un nouveau projet voit le jour: transformer le bunker en un restaurant avec une cave à vin.
L'idée de "Radiogarazh" a été soutenue par des représentants de l'administration de la région de Krasnoïarsk. Pavel Pokrovsky de la Chambre publique a offert son aide pour demander une subvention présidentielle pour ce projet. À son avis, le centre de radio unique a une valeur historique du niveau fédéral, il est intéressant pour les touristes, peut jouer un rôle de premier plan dans l'éducation patriotique des jeunes.
La question reste ouverte: comment l'exploitant, qui reste à trouver, va-t-il combiner la partie commerciale et l’éducation patriotique et à qui appartiendra le site. Gâchera-t-il l’aspect historique du lieu?
Une chose est certaine, il y a du travail à faire.. À en juger par l'état des locaux.

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Légendes des photos.

- Le site d'antennes à 900m
- L'entrée du blockhaus
- Salle des émetteurs
- Le studio de secours
- Tableau d'alimentation
- Bases des antennes
- Isolateurs américains
- Démontage des antennes

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J'ai réalisé de nombreuses photos au cours de ma carrière, d'autres m'ont été fournies par les radiodiffuseurs ou d'anciens collègues, que je remercie.
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